Le mot du mois

LE MOT DU MOIS

"Manger, c'est incorporer un territoire".

Jean Brunhes, géographe français (1869-1930)

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"Au fond des provinces, il existe des Carême en jupon, génies ignorés, qui savent rendre un simple plat de haricots digne du hochement de tête par lequel Rossini accueille une chose parfaitement réussie".

de Balzac, La Rabouilleuse, 1842.

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"Les animaux se repaissent, l'homme mange, l'homme d'esprit seul sait manger"

Jean Anthelme Brillat-Savarin (1755-1826).

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lundi 27 avril 2015

LA CASE PITEY

[ Par Louna Sanphi ]

Aujourd'hui notre balade gourmande nous emmène dans le sud, à la Rivière-Saint-Louis plus précisément. C'est là que se cache notre découverte du jour :  la Case Pitey. Le restaurant est une belle demeure créole entourée d'une végétation luxuriante, avec un kiosque au milieu, idéal pour un dîner en amoureux.

L'accueil 
Nous sommes accueillis par le chef de salle avec un grand professionnalisme. La varangue et le kiosque étant occupés il nous installe à l’intérieur, dans une salle magnifiquement décorée. Les chaises capitonnées de cuir ont le dossier en tissus rouge et noir. On nous propose la carte, puis l'apéritif, que nous déclinons gentiment, préférant une bouteille à bulles sans alcool.
à la carte nous trouvons des plats aussi appétissants les uns que les autres comme le tournedos Rossini, le filet de bœuf sauce Périgueux, la pièce de cabillaud poêlée en croûte de crabe, ou encore la déclinaison d'agneau de Sisteron aux senteurs Provençales. En dessert :  le volcan de la Case Pitey et cœur framboise, Soufflé au chocolat et son milk-shake a la fève Tonka. 
Malheureusement nous ne pourrons les commander puisque ces plats à la carte ne sont servis que le soir et les week-ends. Nous prenons donc la proposition à 28€ entrées-plats-desserts. 
1) Foie gras des Landes à la fève Tonka et son chutney, Pièce de cerf grillée- Purée à l'ancienne sauce grand Veneur, Tartelette sablée à la pomme cannelle 
2) Tartare de thon "Big Eye "et sa roquette bio de la Rivière, Filet de dorade Coryphène planché à la provençale, Volcan chocolat noir Valrhona "Guanaja " 


Pour patienter on nous amène un amuse-bouche : la crème avocat- citron au wasabi et sa crevette parsemée de piment. La crème est lisse et douce, l'apport en citron est maitrisé... C'est une belle mise en bouche. 

Filet de daurade coryphène planché à la provençale: 
La daurade cuite sur peau est posée sur une ratatouille qui est légèrement compotée ce qui donne cette sensation de douceur au palais. Le poisson quant à lui est grillé à l'extérieur et moelleux à l'intérieur. C'est de cette façon qu'on se doit de le manger pour apprécier toute sa saveur il est agrémenté d'œufs de poisson. 



Pièce de cerf grillée - Purée à l'ancienne et sauce grand veneur. 
L'assiette est belle un trait de coulis d'herbes en son milieu, deux pièces de cerf et la purée dressée au cercle légèrement gratinée. Tout est excellent, la purée au goût de « reviens-y », le cerf très tendre avec juste ce qu'il faut de sauce. 

Volcan chocolat noir Valrhona "Guanaja" 
Est un moelleux au chocolat servi avec une glace vanille des groseilles et des zestes de citron vert. Nous avons fini cet excellent dessert sans faim.

Tartelette sablée à la pomme cannelle 
La belle assiette est présentée avec une glace en verrine, des zestes d'orange confites et des morceaux de caramel-pistache ( colle aux dents ). La tartelette est très bonne et l'unique quartier de pomme au parfum de cannelle est fondante. Nous avons beaucoup aimé. 
Le café servi avec des petites mignardises 
finit cet excellent déjeuner 

"La Case Pitey" nous a montré qu'on peut manger une cuisine gastronomique à moindre coût. Les assiettes qui ont défilé devant nous aujourd'hui étaient toutes au top, tant au niveau des saveurs, de l’esthétique, que du rapport-qualité prix. Ces bons points ajoutés au « fait maison » sont autan arguments pour décerner à la Case Pitey la fourchette d'or . 



Pour résumer : 
Accueil : très bien • Cadre : bien • Présentation des plats : très bien
Service : bien • Qualité des plats :  excellent
IMPRESSION GLOBALE : EXCELLENTE TABLE

FOURCHETTE EN OR


mercredi 15 avril 2015

LE VIEUX KREOLE


Aujourd'hui, nous mettons les pieds sous table du Vieux Kréole, restaurant du quartier du Butor à Saint-Denis, à l'arrière de l'ex-BUT. Avec 120 places assises possibles et un buffet d'une dizaine de plats, créoles pour la plupart mais aussi chinois, l'endroit pourrait passer pour la cantine standard des travailleurs de semaine.

Rougail morue, cari la patte cochon, rougail d'andouillettes, sauté de poisson aux légumes, cari de poulet fermier, riz aux légumes, poulet croustillant, il y a de quoi exciter les papilles de tout créole du cru. Et si ce n'était pas suffisant, la présence d'une fricassée de brèdes chouchous, chose aussi rare dans les restaurants créoles qu'un rosbif dans la gamelle d'un végétarien, nous a convaincus que le patron tient à justifier l’appellation « Vieux Kréole ». « Vieux » dans le sens authentique et traditionnel bien sûr. Les pattes de poulet dans le cari, les rougails pistaches grillées, les piments confits et les desserts maison abondent en ce sens.
L'accueil est sympathique et attentionné. Le cadre chaleureux et confortable fait oublier l'extérieur citadin très béton. Deux ou trois objets lontan viennent agrémenter l'ambiance, trop discrètement. On est loin du petit musée qu'on peut trouver au Gadiamb, par exemple.
Nous entamons donc les hostilités dans la joie, la bonne humeur, et avec un cocktail de pitaya-ananas-passion pour nous nettoyer la glotte. Très frais cocktail, sucré certes mais goûteux.
C'est parti !


Le rougail d'andouillette est sage en goût comme en sel. Le produit lui-même contient pas mal de viande moulue et n'est pas très gras. Il est oint d'une sauce tomate standard tout à fait correcte, en boîte semble-t-il, et assez épicée pour faire de ce rougail un plat qui donne envie d'y revenir.


Le cari la patte est délicieux. Sa couleur sombre et la brillance de la peau appellent la fourchette, laquelle n'est pas déçue du voyage tant la viande est très présente, moelleuse et parfumée. Le coup de fouet supplémentaire d'un petit vin rouge charpenté ou même d'un flambage au rhum n'aurait pas été de trop pour ajouter plus de tonus au plat, mais nous laissons ces broutilles et finissons la patte sans chagrin.


Le poulet, pour sa part, affiche son ascendance fermière ne serait-ce que par ses pattes, morceaux courus du créole spécialiste en suçage des os, avec les doigts bien sûr. La viande donne juste assez de résistance pour confirmer le fait, et déploie en bouche sa saveur authentique et ce d'autant plus que le sel y est raisonnable. Les sensations au palais et dans les sinus se répondent parfaitement, signant une dégustation concluante.

Mention spéciale pour la fricassée de brèdes chouchous, qui, en sus du fait d'exister, n'a pas l'outrecuidance de présenter des oignons comme certains oseraient en mettre dans ce plat. Le croquant est équilibré, comme le sel aussi d'ailleurs, ce qui contente à peu près tout le monde, des herbivores qui aiment ces brèdes-là juste sautées, aux tenants du bien cuit limite bouillon.


Chose peu courante, pour autant que nous ayons pu en juger lors de nos pérégrinations, les rougails ne font pas que de la figuration. Ils existent et le revendiquent presque. Placés en tête de buffet, on ne peut pas les oublier. Le rougail pistaches grillées a une belle couleur crème foncée, et donne des sensations en bouche qui rappellerait à beaucoup la cuisine de mémé. Fantastique avec la patte cochon.
Les piments confits, à ne recommander qu'aux estomacs tolérants, surtout pour le piment cabri, se croquent volontiers avec les andouillettes dont le retour de fumet se marie bien avec la libération de l'acidité vinaigrée.
Le rougail margoze dansera plutôt avec le cari de poulet, en lui relevant les ergots histoire de lui faire passer sa timidité première. Croquant itou est le légume à peau de lézard, qui vous reste au nez comme un souvenir de la bouchée précédente.

Nous prenons la pause nécessaire avant d'aller tâter les desserts.


Parmi les gâteaux créoles traditionnels, nous optons pour la mousse de cambar, plus une crème brûlée.
La mousse du tubercule mauve est joliment présentée, très en raccord avec la couleur des murs d'ailleurs. Celle-ci est légère et superbement parfumée, avec des accents de menthe et, plus lointains, d'anis. Un bonheur en compote pour des coqs en pâte !
Nous allons réclamer l'addition. 40 euros pour deux personnes, sans les boissons. Les buffets à volonté s'affichent à 14 euros. Très correct compte tenu de la qualité globale.

C'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleurs caris, dit-on. Depuis un an et demi, le Vieux Kréole propose à sa clientèle une cuisine traditionnelle dans un cadre moderne et confortable, à deux pas des lycées du Butor et de Champ Fleuri. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le sieur Clain, traiteur connu par ailleurs, a su donner à son affaire un joli tour puisque les deux salles sont pleines. Notre dégustation nous a révélé une cuisine généreuse, simple, respectueuse de la tradition, autant que faire se peut, et à la recherche des petits « plus » qui vont faire la différence par rapport à la concurrence. Nous aurions même envie de voir décliner ce buffet en une formule à l'assiette, semi-gastronomique, pour aller encore plus loin dans l'exercice. 
Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, pour l'accueil souriant, le cadre, l'effort de présentation sur le dessert, et la qualité globale des plats proposés, nous sommes heureux de décerner au Vieux Kréole une jolie fourchette  en or.

Pour résumer : 
Accueil : très bien • Cadre : bien • Présentation des plats : buffet
Service : très bien • Qualité des plats :  très bons
IMPRESSION GLOBALE : EXCELLENTE TABLE

FOURCHETTE EN OR