L'ESCALE TROP BANALE
Le Relais des Plaines, le Ti feuille
songe, La ferme du Pommeau, Les Platanes... autant de restaurants que
nous avons déjà visités à la Plaine-des-Palmistes, avec plus ou
moins de bonheur. Globalement, les notes étaient plutôt bonnes.
Aujourd'hui, en ce mois de septembre 2015, où le fond de l'air est
encore frais, c'est L'Escale des Calumets, situé au Bras éponyme,
que nous décidons de tester, en version barquettes. Il serait
dommage de ne pas profiter du beau temps et du cadre magnifique dans
lequel l'établissement est niché.
Le restaurant se situe sur la gauche
dans le sens montant. Il propose de la cuisine chinoise ou créole,
sur place, à emporter, et en mode buffet à volonté à 15 euros
dans une grande salle passablement sombre et où le fond de l'air y
semble encore plus frais qu'à l'extérieur. L'endroit est parfait
pour un repas dansant, mais n'est pas très accueillant.
La petite salle attenante d'une
quarantaine de couverts, où les plats à emporter sont servis, est
beaucoup plus chaleureuse.
Vous avez le choix entre les barquettes
à 5 ou 6 euros, en fonction de votre appétit. Déjeuner sur place
vous coûtera 9 euros.
Au menu du jour : coq au vin
fermier, cari poulet palmiste, cabri massalé, poulet sauce d'huître,
riz cantonnais, porc sauce grand-mère et shop-suey poisson.
Nous préférons les créolités, et
portons notre choix sur le poulet et le cabri, servis avec pois du
Cap et rougail de courgettes.
L'accueil est poli, le service est un
peu brouillon. Il est encore tôt, mais une petite queue s'est déjà
formée, alors même que tous les plats ne sont pas encore
disponibles.
Nous déjeunons donc dans l'herbe, sur
le site réaménagé du calvaire tout proche. Il y a bien des
kiosques, mais ceux qui les ont posés là n'ont semble-t-il pas jugé
opportun de les équiper d'une table, comme n'importe où ailleurs.
Drôle de choix.
Nous ouvrons les barquettes.
Le poulet, en plein soleil, se révèle
d'une pâleur d'anorexique atteint de phtisie. Ce n'est pas bon
signe. Au nez, ce n'est pas mieux, et au goût, c'est tout à fait
éteint. Que la pauvre volaille ne soit pas fermière comme le coq au
vin du menu, passe encore, mais qu'elle manque autant de roussi est
vraiment navrant. Le fumet est conséquemment quasi inexistant. Le
chef aura eu une panne d'oreiller et le temps lui a manqué, ou le feu aura été un peu
asthmatique. Question épices, ce n'est pas mieux. Une panne d'ail
aussi dirait-on. Ou de gingembre. Ou de curcuma. Quoi que ce soit, le
résultat n'est pas vraiment mauvais mais franchement décevant. Seuls le palmiste frais donne un tant
soi peu de dignité à toute cette affaire, nonobstant le fait qu'il
aurait pu être un peu plus cuit (parce que ça croque franchement)
et surtout mieux coupé : plusieurs morceaux affichent encore
leurs filasses (voir photo). Ni très élégant, ni très digeste. Le
rougail de courgette, pourtant assez goûteux, est impuissant à
redonner quelques couleurs à ce plat préparé à la va-vite et
par-dessus la jambe.
Côté massalé cabri, ce n'est guère
mieux. Qualifier le plat de « massalé » relève en effet
de l'exagération gustative. A l'image du plat précédent, celui-ci
est trop timide, timidité mal cachée par l'attaque franche d'un sel bavard. La poudre n'est peut-être plus toute fraîche,
elle a perdu de son panache. Ou alors c'est une autre panne :
ils ont dû racler les fonds de bocaux. Le cabri lui-même est plutôt
sage en goût, autrement il aurait été plus indiqué de
l'assaisonner comme le coq : au vin. Il n'empêche que le tandem
viande-massalé ne nous enchante guère le palais, malgré la bonne
proportion de caloupilé. Bref, le plat est juste bon à contenter un
ventre creux, mais pas un palais exigeant.
Pas grand chose à dire sur les pois du
Cap, pas très crémeux, et sur le riz plutôt correct.
Nous avons fait l'impasse sur le
dessert. Ce dernier consistera plus tard en une bonne tranche de
fromage de la Plaine arrangée avec du miel de letchis, trouvés tous
deux en descendant les rampes.
Addition : 15 euros pour trois
barquettes. Ce n'est certes pas cher, mais s'il faut faire des
kilomètres (que) pour manger ça, autant rester sur Saint-Denis.
L'Escale des calumets, aujourd'hui,
s'est avéré décevant. Pour être tout à fait objectif il aurait
fallu goûter au coq au vin ou aux chinoiseries, dont les couleurs
étaient déjà plus présentables. Peut-être avons-nous fait les
mauvais choix. La queue des clients augurait pourtant de la bonne
cuisine créole authentique. Ce fut plus anémique qu'authentique. Un
accident de parcours, espérons nous. Parfois, qui trop embrasse, mal
étreint : cinq bons plats valent mieux que sept moyens, ou cinq
bons et deux passables, surtout quand on est à la bourre. Même si
la fourchette en argent n'est pas très loin, compte tenu de ce que
nous avons dégusté aujourd'hui nous sommes au regret d'attribuer à
l'Escale des calumets une pâle fourchette en inox.
Pour résumer :
Accueil : bien • Cadre : bien • Présentation des plats : barquettes
Service : poli • Qualité des plats : très moyen
Si vous ne savez pas ce que sont des calumets, éclairez votre lanterne ici
La présente critique a été réalisée le 20 septembre 2015, à partir de midi, et ne prétend pas être une vérité absolue et définitive. Notre point de vue est subjectif, par nature, mais parfaitement honnête. Nous certifions n'avoir aucun rapport de près ou de loin avec les propriétaires de ce restaurant et aucun intérêt à attribuer à ce dernier une bonne ou une mauvaise note. Dans tous les cas, le restaurant dispose d'un droit de réponse.