Le mot du mois

LE MOT DU MOIS

"Manger, c'est incorporer un territoire".

Jean Brunhes, géographe français (1869-1930)

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"Au fond des provinces, il existe des Carême en jupon, génies ignorés, qui savent rendre un simple plat de haricots digne du hochement de tête par lequel Rossini accueille une chose parfaitement réussie".

de Balzac, La Rabouilleuse, 1842.

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"Les animaux se repaissent, l'homme mange, l'homme d'esprit seul sait manger"

Jean Anthelme Brillat-Savarin (1755-1826).

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lundi 2 novembre 2015

LE KIOSQUE DES MANDARINES

A LA MARMITE DES MANDARINES


Aujourd'hui, nous prenons la route vers les hauteurs de Saint-Benoît, au village de Takamaka. A quelques tournants au-dessus du patelin, dans les premières frondaisons de la forêt, est niché un petit restaurant, le kiosque des Mandarines, où nous décidons de déjeuner.

L'accueil est souriant, et très convivial. C'est visiblement un couple qui tient l'affaire, avec monsieur aux marmites. Quelques mots affichés nous informent que la carte bleue n'est pas acceptée.
Trois ou quatre tables en terrasse, l'équivalent à l'intérieur, une bâtisse en bois dont les fenêtres sont ouverte sur un jardin campagnard, et tout ça dans un joyeux désordre.
Si les tables et les couverts sont propres, nous préférons ne pas nous attarder en détail sur le reste. Pour euphémiser, disons que l'établissement est à cent lieues des ambiances aseptisées et des agencements au millimètre. Ici c'est la bonne franquette...
De toute façon, ce qui nous intéresse principalement, c'est ce qui va remplir nos assiettes. Ces dernières le seront des trois caris disponibles aujourd'hui, sans entrées : cari de poisson (du brigadier), un cari de poulet et un rôti de porc pomme de terre.
Service rapide. Nous attaquons avec un punch mandarine, parfumé mais un peu trop sucré.
Deux caris sont présentés dans de petits bols, ce qui donne une fausse impression de pas assez.

Le cari de poisson n'est pas ce que nous pourrons appeler une réussite. Cela est dû essentiellement au poisson lui-même, du congelé, simple brigadier bien loin des saveurs d'un capitaine, du général Rouge ou de l'amiral Légine. Sa chair sèche sans sensations chut sans chichis sur sa sauce (essayez de le dire vite). Huileuse, la sauce. Bref, de simple crevettes ou du bourgeois, même congelés, auraient mieux présenté que ce particulier là, définitivement à éviter.

Le cari de poulet est largement meilleur, « plus  meuyeur» même. A la vue, le gallinacé affiche la cuisse ferme et alerte et la viande dorée appelant à mordre. Ses effluves sont conformes à ce qu'on attend d'un poulet honnête ayant séjourné dans une sauce respectable préparée à une bonne marmite créole au feu de bois. Au goût, presque rien à dire. La sauce onctueuse habille la chair de ses reliefs tomatés avec moins d'huile que le précédent plat. La chair est ronde sous la dent, tout aurait été parfait si le sel avait été un peu plus discret.


Un sans faute que s'offre le rôti, dans lequel on aurait pu s'attendre à un sel trop présent, justement. Eh bien non. Les pommes de terre ont peut-être équilibré le plat, toujours est-il que le rôti, qui arbore bout de gras et épiderme fondant, nous rappelle les bons vieux repas lontan, mitonnés à la marmite et à la braise, le jour où le cochon passe l'arme à gauche dès potron-minet avant que famille et voisins entament le long travail de transformation des viscères du trucidé en andouilles et boudin. La viande est onctueuse et dégage son humeur de roussi de fond de marmite, poivré, avec comme des pointes lointaines de girofle. Le patates sont fières, toutes imbibées des saveurs du rôti, avec une texture pas trop farineuse et de la tenue.

Le riz est très correct. Les grains sont assez crémeux et magnifiquement relevés par un quatre-épices vaillant, qui nous claque les gencives.
Nous déclinons les glaces industrielles du dessert, préférant un café, qui fut très bon.

Il nous en a coûté 13 euros par cari, 54 euros tout compris pour trois personnes. Bon rapport qualité-prix...quand les plats sont bons.

Tenu depuis 21 ans par Jacky Boyer, agriculteur, le kiosque des mandarines est un honnête restaurant des hauts qui propose de la bonne cuisine créole authentique. Son côté un peu « roots », avec des tables où s'étalent légumes, pots de piments à vendre et autres objets hétéroclites a son charme, malgré un aspect négligé. En fait on a plus l'impression d'être dans une table d'hôte. Si on excepte le poisson, rentable mais raté, le repas fut assez satisfaisant dans l'ensemble. Suffisamment en tout cas pour décerner au Kiosque des mandarines une juste fourchette en argent.

Pour résumer : 
Accueil : Très bien • Cadre : bien • Présentation des plats : aucune
Service : bien • Qualité des plats : bons • Rapport qualité-prix : correct.

IMPRESSION GLOBALE : BONNE TABLE




Le Kiosque des mandarines
747, route de Takamaka, PK 9
Tél : 0692 84 91 92

La présente critique a été réalisée le 23 octobre 2015, à partir de midi, et ne prétend pas être une vérité absolue et définitive. Notre point de vue est subjectif, par nature, mais parfaitement honnête. Nous certifions n'avoir aucun rapport de près ou de loin avec les propriétaires de ce restaurant et aucun intérêt à attribuer à ce dernier une bonne ou une mauvaise note. Dans tous les cas, le restaurant dispose d'un droit de réponse.