UNE AUBERGE GOURMANDEE
(par Louna Sanphi)
(par Louna Sanphi)
Aujourd’hui
notre visite nous emmène à la campagne, à Tan Rouge, sur les
hauteurs de Saint-Gilles-les-hauts. Nous testons l’Auberge
gourmande, « restaurant gastronomique du Sud-Ouest » dit
la pancarte à l'entrée du chemin Crescence où se trouve
l'établissement. Pour y arriver vaut mieux avoir un bon GPS. Le
restaurant a un parking en terre, qui ce jour-là est boueux
puisqu’il a plu. Un aménagement ne serait pas superflu.
L'accueil
Nous
finissons par apercevoir une âme : la serveuse. Celle-ci, cartes en
mains, nous installe aussitôt à une table au fond de la salle qui
donne sur un magnifique jardin créole. Nos yeux n’en reviennent
pas, il y a dans ce jardin de magnifiques fleurs comestibles, comme
la pensée par exemple, avec lesquelles le chef peut s'amuser.
La
salle
Elle
se compose en deux parties : l'une est destinée aux groupes
avec de grandes tables, l’autre avec des tables de 2 ou 4
personnes. Dehors des tables et chaises en bois vernies sont sans
doute en service le dimanche.
La
carte
Elle
est bien remplie, on va dire même trop : une quinzaine de plat
de la terre , 6 plats de la mer, 10 entrées, 9 desserts. Notre
choix s’arrête sur un foie gras poêlé au vinaigre balsamique, un
feuilleté au ris de veau, une assiette de la mer au basilic, une
cassolette de lentilles de Cilaos, pour terminer pour cette bonne
vieille pêche melba.
Foie
gras poelė au caramel balsamique
Un
si bon produit servi avec décoration à la va-comme-je-te-pousse :
une branche de thym piquée au milieu, un radis et de la salade. C'est
tout ? Où sont les bons produits frais de cette campagne
environnante, comme un chutney de mangue par exemple? Rien que les
comestibles qui ornent cette bâtisse auraient leur place sur cette
assiette. N'y voir qu'un malheureux radis et de la brunoise de
poivrons rouges c'est très décevant, d'autant plus le foie gras
souffre d'un souci de cuisson : il est cru à l'intérieur. Il passe
conséquemment assez mal.
Le
feuilleté aux ris de veau et aux champignons
Il
est servi sur une très grande assiette avec une sauce très légère
et sans goût particulier, et de la salade. Le feuilleté est
friable, les ris sont bons et ont subi les étapes cruciales* avant
d'être travaillés. En revanche
nous ne trouverons aucune trace de champignons, où alors ils étaient
bien cachés. Ce n'est peut être pas la saison remarquez. Nous
regrettons la vulgaire salade pour un met aussi délicat et cher,
ainsi que la baguette blanche de supermarché.
*Avant de cuire cet abat , il convient de le dégorger si besoin , puis de le blanchir (recouvrir d'eau et porter à ébullition on pourra de cette façon enlever plus facilement la fine pellicule qui le recouvre).
Une
assiette quelconque composée de gambas recouvertes d'une sauce à
l’Américaine à laquelle on a ajouté du basilic, plus deux moules
persillées. Un peu court pour baptiser ça « Assiette de la
mer » tout de même. Le dressage, là encore, laisse à
désirer. Au goût, c'est moyen. Les crustacés sont trop cuits et
les moules trop sèches.
Nous
y voilà : enfin un plat exécuté à la perfection !
Des lentilles crémeuses, des saucisses au bon goût d’épices
comme il faut, et un excellent boucané fondant. Vraiment rien à
dire. Nous sentons que le chef maîtrise ce genre de plat.
Addition :
70€ pour 2 avec 1 dessert et 1 bouteille d’eau, cher pour ce
qu’on nous a proposé
Aujourd’hui,
au restaurant l’auberge gourmande, nous avons été un peu déçus.
Tout cela ressemble à de la cuisine d'apprentis, voire d’amateurs :
dressage un peu léger, aucune recherche, pas assez de produits
locaux. Pourtant tous les atouts sont là pour nous en mettre plein
la vue et les papilles : le lieu d'abord, une belle demeure créole
située à la campagne où les producteurs ne doivent pas manquer.
Nous
avons de la chance d’avoir toute l’année des fruits et légumes
de choix, il faut juste avoir des idées de préparations, faire
travailler son imagination et ne pas s’endormir sur ces classiques
ennuyeux. Faire une gelée de capucine accompagnant le foie gras
poêlé, proposer des petits pains aux fruits, par exemple, et
surtout pas un radis ridicule et cette salade envahissante.
En
dégustant la cassolette aux lentilles de Cilaos nous avons senti un
potentiel qu'il convient d'exploiter davantage : de la bonne cuisine
créole authentique au feu de bois. Et pourquoi pas garder quelques
plats d'inspiration métropolitaine, à condition de les travailler
un peu mieux. Il ne faut pas oublier que de nos jours les restaurants
rivalisent d'inventivité pour garder leur clientèle, et pour des
tarifs toujours plus concurrentiels.
Enfin,
nous ne le répéterons jamais assez : qui trop embrasse, mal
étreint. Il faut arrêter avec les cartes à rallonge. Mieux vaut
proposer une carte beaucoup plus succincte (3 entrées, 5 plats et 3
desserts) et la changer tous les mois en travaillant des produits de
saison, frais. Quitte à garder un ou deux plats particulièrement
appréciés un peu plus longtemps.
La
fourchette en argent est donc largement accessible et elle aurait pu
tomber, mais compte tenu de ce que nous avons dégusté aujourd'hui,
nous ne pouvons faire autrement que de décerner à l'auberge
gourmande une fourchette en inox.
Pour résumer :
Accueil : perfectible • Cadre : très bien • Présentation des plats : moyen
Service : moyen • Qualité des plats : bon / moyen
La présente critique a été réalisée le 9 décembre 2015, à partir de midi, et ne prétend pas être une vérité absolue et définitive. Notre point de vue est subjectif, par nature, mais parfaitement honnête. Nous certifions n'avoir aucun rapport de près ou de loin avec les propriétaires de ce restaurant et aucun intérêt à attribuer à ce dernier une bonne ou une mauvaise note. Dans tous les cas, le restaurant dispose d'un droit de réponse.