A LA MARMITE DES MANDARINES
Aujourd'hui, nous prenons la route vers
les hauteurs de Saint-Benoît, au village de Takamaka. A quelques
tournants au-dessus du patelin, dans les premières frondaisons de la
forêt, est niché un petit restaurant, le kiosque des Mandarines, où
nous décidons de déjeuner.
L'accueil est souriant, et très
convivial. C'est visiblement un couple qui tient l'affaire, avec
monsieur aux marmites. Quelques mots affichés nous informent que la
carte bleue n'est pas acceptée.
Trois ou quatre tables en terrasse,
l'équivalent à l'intérieur, une bâtisse en bois dont les fenêtres
sont ouverte sur un jardin campagnard, et tout ça dans un joyeux
désordre.
Si les tables et les couverts sont
propres, nous préférons ne pas nous attarder en détail sur le
reste. Pour euphémiser, disons que l'établissement est à cent
lieues des ambiances aseptisées et des agencements au millimètre.
Ici c'est la bonne franquette...
De toute façon, ce qui nous intéresse
principalement, c'est ce qui va remplir nos assiettes. Ces dernières
le seront des trois caris disponibles aujourd'hui, sans entrées : cari de poisson (du brigadier), un cari de poulet et un rôti de
porc pomme de terre.
Service rapide. Nous attaquons avec un punch mandarine,
parfumé mais un peu trop sucré.
Deux caris sont présentés dans de
petits bols, ce qui donne une fausse impression de pas assez.
Le cari de poisson n'est pas ce que
nous pourrons appeler une réussite. Cela est dû essentiellement au
poisson lui-même, du congelé, simple brigadier bien loin des
saveurs d'un capitaine, du général Rouge ou de l'amiral Légine. Sa
chair sèche sans sensations chut sans chichis sur sa sauce (essayez
de le dire vite). Huileuse, la sauce. Bref, de simple crevettes ou du
bourgeois, même congelés, auraient mieux présenté que ce
particulier là, définitivement à éviter.
Le cari de poulet est largement
meilleur, « plus meuyeur» même. A la vue, le gallinacé
affiche la cuisse ferme et alerte et la viande dorée appelant à
mordre. Ses effluves sont conformes à ce qu'on attend d'un poulet
honnête ayant séjourné dans une sauce respectable préparée à
une bonne marmite créole au feu de bois. Au goût, presque rien à
dire. La sauce onctueuse habille la chair de ses reliefs tomatés
avec moins d'huile que le précédent plat. La chair est ronde sous
la dent, tout aurait été parfait si le sel avait été un peu plus
discret.
Un sans faute que s'offre le rôti,
dans lequel on aurait pu s'attendre à un sel trop présent,
justement. Eh bien non. Les pommes de terre ont peut-être équilibré
le plat, toujours est-il que le rôti, qui arbore bout de gras et
épiderme fondant, nous rappelle les bons vieux repas lontan,
mitonnés à la marmite et à la braise, le jour où le cochon passe
l'arme à gauche dès potron-minet avant que famille et voisins
entament le long travail de transformation des viscères du trucidé
en andouilles et boudin. La viande est onctueuse et dégage son
humeur de roussi de fond de marmite, poivré, avec comme des pointes
lointaines de girofle. Le patates sont fières, toutes imbibées des
saveurs du rôti, avec une texture pas trop farineuse et de la tenue.
Le riz est très correct. Les grains
sont assez crémeux et magnifiquement relevés par un quatre-épices
vaillant, qui nous claque les gencives.
Nous déclinons les glaces industrielles du dessert, préférant un café, qui fut très bon.
Il nous en a coûté 13 euros par cari, 54 euros tout compris pour trois personnes. Bon rapport qualité-prix...quand les plats sont bons.
Tenu depuis 21 ans par Jacky Boyer,
agriculteur, le kiosque des mandarines est un honnête restaurant des
hauts qui propose de la bonne cuisine créole authentique. Son côté
un peu « roots », avec des tables où s'étalent légumes,
pots de piments à vendre et autres objets hétéroclites a son
charme, malgré un aspect négligé. En fait on a plus l'impression
d'être dans une table d'hôte. Si on excepte le poisson, rentable
mais raté, le repas fut assez satisfaisant dans l'ensemble.
Suffisamment en tout cas pour décerner au Kiosque des mandarines une
juste fourchette en argent.
Pour résumer :
Accueil : Très bien • Cadre : bien • Présentation des plats : aucune
Service : bien • Qualité des plats : bons • Rapport qualité-prix : correct.
Le Kiosque des mandarines
747, route de Takamaka, PK 9
Tél : 0692 84 91 92
La présente critique a été réalisée le 23 octobre 2015, à partir de midi, et ne prétend pas être une vérité absolue et définitive. Notre point de vue est subjectif, par nature, mais parfaitement honnête. Nous certifions n'avoir aucun rapport de près ou de loin avec les propriétaires de ce restaurant et aucun intérêt à attribuer à ce dernier une bonne ou une mauvaise note. Dans tous les cas, le restaurant dispose d'un droit de réponse.
La présente critique a été réalisée le 23 octobre 2015, à partir de midi, et ne prétend pas être une vérité absolue et définitive. Notre point de vue est subjectif, par nature, mais parfaitement honnête. Nous certifions n'avoir aucun rapport de près ou de loin avec les propriétaires de ce restaurant et aucun intérêt à attribuer à ce dernier une bonne ou une mauvaise note. Dans tous les cas, le restaurant dispose d'un droit de réponse.
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