Le Relais des Cimes,
une ambassade culinaire à Hell-Bourg
En tout début de cette année, nous
avions testé le Ptit Chouchou, à Hell Bourg. Aujourd'hui, c'est un
autre restaurant de ce charmant village du cirque de Salazie que nous
visitons : celui du Relais des Cimes, seul hôtel de Hell-Bourg
depuis des lustres, en attendant la résurrection de feu l'hôtel des
Salazes, qui est l'arlésienne en cours dans le paysage touristique
de l'Est.
Nous mettons les pieds sous une table
propre et bien dressée, dans une belle salle à la décoration
sobre très accueillante. Sourire de bienvenue et accueil
professionnel, le personnel est aux petits soins.
Tout en dégustant un cocktail de
fruits frais, largement ananassé, nous compulsons la très riche
carte composées des grands classiques de la cuisine créole, mais
aussi de plats moins ordinaires, qui proposent des produits du
terroir local, comme la « Truite grillée sauce cresson »
ou « truite à la vanille flambée au rhum », ou la
« pintade rôtie aux pêches et goyavier ».
Un « romazava » et un
« ravin'toto » se joignent à la compagnie, chose assez
rare. Dans nos pérégrinations, nous n'avons vu ce premier plat qu'à
la carte du Roland Garros à Saint-Denis.
Mais nous nous laisserons plutôt
tenter par un bon vieux cari la patte cochon et un rougail
zandouille. Le dernier que nous ayons dégusté, au Jardin des
Délices au Baril, était fameux. Voyons si celui-ci fait mieux.
Mais auparavant, goûtons voir à la
« Salade Salazienne », de cresson et de foie de volaille,
et un incontournable du cirque : le gratin de chouchou.
Le cresson est jeune et croquant, tout
frais, il sent presque la rosée. Une fraîcheur exhalée avec sa
saveur inimitable, et à la force raisonnable, qui n'éteint
aucunement le beau fumet du velouté foie de volaille. Le mariage des
deux produits est connu et apprécié des brouteurs de cresson dont
nous sommes.
Le gratin quant à lui est conforme aux
canons du genre. Le fromage fondu délivre un sel ajusté dans une
béchamel présente mais non envahissante qui laisse s'exprimer le
roi chouchou. Ce dernier est fondant, parfumé, délicat, magnifique.
Les assiettes sont débarrassées
rapidement, et les plats de résistance les remplacent.
La patte cochon présente bien. Bien
cuite, peau et chair se détachent facilement des gros os et se
mélangent agréablement en bouche, enrobées d'une sauce au gras
maîtrisé. En revanche nous trouvons l'affaire un peu pâlotte à la
vue. Et les sensations gustatives aussi. Ça manque d'épices. Nous
aurions souhaité un ail moins timide, par exemple. Rien de
rédhibitoire pour autant puisque le plat est sifflé.
L'andouille est allongée en tranches
d'un peu moins d'un centimètre, et nous emballe d'entrée par ses
effluves poivrées. A vue de nez, il y a parité entre la viande et
le gras. Une viande parfaite, qui ne laisse pas de filasses sous la
dent, et des morceaux de gras expressifs mais qui ne jouent pas les
dictateurs. Le tout emballé dans une belle sauce de tomates
mûres. Le plat est excellent. La charcuterie a bénéficié d'une
préparation étudiée qui l'a débarrassée de son sel surnuméraire
et en a laissé juste assez pour soutenir sa saveur musquée.
Les plats repartent vides, laissant
notre contentement plein.
Il reste une petite place pour le
dessert. Un gâteau de patate douce à la vanille. Ce sera la vraie
déception du repas. Non pas tant à cause du goût mais plutôt de
la texture. Une fois de plus, les bouchées sont denses et lourdes,
et ce n'est pas le petit flanc chocolaté en accompagnement qui y
change quoi que ce soit. Le dessert aurait mérité un peu plus de
préparation et de présentation, et c'est bien celle-ci qui a péché
tout du long.
Rien n'est fait pour habiller les plats
et les rendre agréables à l’œil. La présentation basique des
caris, dans un restaurant comme celui-là, ne devrait plus être la
norme. Sans aller jusqu'à transformer les plats en œuvre d'art,
quelques petites touches de décoration ne seraient pas de trop,
comme par exemple un léger habillage de l'assiette, tel que nous
l'avons vu la semaine dernière au « Ptit Zinc ».
Addition : une soixantaine d'euros
pour deux personnes, tout compris. Le rapport qualité-prix est assez
correct.
Le Relais des Cimes à Hell-Bourg a été
mis en gérance par son propriétaire, mais en cuisine, c'est Gilbert
Elisabeth qui œuvre. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il
nous a régalé aujourd'hui. Même si certains détails sont à
améliorer. Voilà de la bien belle cuisine créole, goûteuse,
respectueuse de la tradition et aussi inventive avec des plats qui
sortent de l'ordinaire. L'accueil et le service sont satisfaisants,
en dépit de quelques petits écarts comme l'eau non proposée et
oubliée.
Ce vieil établissement a donc encore
de sérieux atouts et, culinairement en tout cas, représente bien
notre île auprès des touristes. Tout cela lui vaut, aujourd'hui,
une très belle fourchette en argent.
Pour résumer :
Accueil : Très bien • Cadre : bien • Présentation des plats : aucune
Service : bien • Qualité des plats : très bons • Rapport qualité-prix : bon.
67, rue du Général de Gaulle,
Hell-Bourg
Tél : 0262 47 81 58
La présente critique a été réalisée le 22 août 2015, à partir de midi, et ne prétend pas être une vérité absolue et définitive. Notre point de vue est subjectif, par nature, mais parfaitement honnête. Nous certifions n'avoir aucun rapport de près ou de loin avec les propriétaires de ce restaurant et aucun intérêt à attribuer à ce dernier une bonne ou une mauvaise note. Dans tous les cas, le restaurant dispose d'un droit de réponse.
La présente critique a été réalisée le 22 août 2015, à partir de midi, et ne prétend pas être une vérité absolue et définitive. Notre point de vue est subjectif, par nature, mais parfaitement honnête. Nous certifions n'avoir aucun rapport de près ou de loin avec les propriétaires de ce restaurant et aucun intérêt à attribuer à ce dernier une bonne ou une mauvaise note. Dans tous les cas, le restaurant dispose d'un droit de réponse.
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